Profitons du ciel bleu

Suite au pic de pollution qu’a subi Paris ces derniers jours, on ne peut que se dire, qu’à ce rythme là, ce sera le lot commun des parisiens dans un futur très proche. Malheureusement, cette situation, des millions de chinois la vivent déjà. Le matin, alors que les français regardent la météo, les chinois des provinces les plus polluées regardent le taux de pollution dans l’air.

Pour mieux comprendre la situation je me suis intéressée au documentaire « Under the Dome » de la journaliste chinoise Chai Jing. En complément et pour avoir un témoignage plus direct, j’ai posé quelques questions à Yuan Leung, une jeune étudiante chinoise de la Sorbonne.

La Chine est pays à la fois jeune et bien vieux. Il s’est industrialisé à une vitesse telle – une trentaine d’années – que le taux de pollution y est alarmant. Cette pollution provient essentiellement du charbon et du pétrole. Pour la seule année 2014, la Chine a brûlé trois à quatre fois plus d’énergies fossiles que l’Europe. En 2013, 3,6 milliards de tonnes de charbon ont été utilisées en Chine sachant que la consommation mondiale est de 5,8 milliards de tonnes. En ce qui concerne la pollution due au pétrole, le documentaire indique qu’à Pékin 34% de la population conduit au quotidien : 44% prend sa voiture pour faire cinq kilomètres et 12% pour en faire deux. En comparaison, à Tokyo, seuls 6% des habitants prennent leur voiture et 90% utilisent les transports en navettes. A Paris, on ne peut pas tellement jeter la pierre aux pékinois : 38% des déplacements franciliens se font en voiture…

Yuan était plutôt sceptique à la vue des chiffres et des commentaires que la journaliste, Chai Jin, a avancés. Elle m’a donné l’exemple de la maladie respiratoire de l’enfant de la journaliste : problème qui introduit tout le documentaire. D’après elle, l’enfant n’aurait jamais vécu en Chine et sa maladie serait due au fait que sa mère a fumé pendant sa grossesse. Qui croire ? Ce reportage a été censuré par le gouvernement trois jours après sa parution. 155 millions de chinois ont tout de même eu l’occasion de le voir. Quel a été le discours du gouvernement ? Dénigrement des recherches de la journaliste, de son comportement? Certainement. Bien que le gouvernement ait lancé un « plan de préservation de la pollution de l’air », tout est bon pour cacher la pollution au monde. Lors des Jeux Olympiques de Pékin de 2008, le gouvernement a fait arrêter les usines et a proposé quelques jours de congé aux pékinois pour partir en vacances. De cette manière, le ciel est redevenu bleu azur pour quelques jours.

Cette mascarade ne cache cependant pas la réalité du quotidien des chinois. Yuan Leung est originaire de l’une des provinces les plus polluées de Chine : Hebei au Sud de Pékin. Elle est venue un an à Paris, à la Sorbonne pour étudier. Elle souffre de lourds problèmes respiratoires. Chaque année, vers la période d’octobre elle doit se rendre à l’hôpital pour être surveillée par des médecins. Elle m’expliquait qu’elle n’avait pas vu de ciel bleu depuis bien longtemps en Chine à cause du brouillard épais appelé « smog ». Cette année, elle n’a plus souffert de ses problèmes respiratoires. Ses parents la poussent donc à rester à Paris afin qu’elle reste en bonne santé.

La jeune génération chinoise a l’œil ouvert sur le monde, elle voyage et s’imprègne de ce qu’elle voit et entend. Elle n’a cependant pas à aller très loin pour comprendre que quelque chose ne va pas. Une touche de positif tout de même. Si l’on compare la situation actuelle en Chine et cette même situation en Grande Bretagne dans les années 1950-1960, on se dit que la Chine a la possibilité de retrouver son ciel bleu. Espérons seulement que la jeune génération chinoise puisse s’exprimer et donner un nouveau tournant à son pays : tant aux plans socio-économique, politique qu’environnemental.

Maud Benakcha